Olkhon est la plus grande île du lac Baïkal et mesure environ 70 km de long pour 18 km de large, orientée grosso modo nord – sud. Il n'y a qu'environ 170 km qui sépare Irkoutsk de Khuzhir (le village principal d'Olkhon), mais il faut bien 6h de bus pour les parcourir. La courte traversée en bac qui permet d'atteindre l'île n'aide pas trop. En revanche, même si elle est longue, cette route est magnifique. On quitte assez vite la taïga russe (la forêt typique que l'on traverse depuis maintenant 4000 km) pour rentrer petit à petit dans les steppes. La première partie de la route est déjà magnifique. On se croirait en Mongolie ; c'est vraiment l'image que l'on s'en fait. De grandes plaines d'herbe rase avec quelques collines, parcourues par des troupeaux de vaches et des hordes de chevaux. Le tout en totale liberté, avec parfois un garçon vacher pour surveiller (cow-boy sonne mieux quand même non ? ), monté sur son cheval. Au loin, la chaîne montagneuse qui borde le lac se rapproche, et la route commence à grimper. On ne s'en rend pas compte tout de suite, mais le fait qu'il n'y ait que de l'herbe qui pousse rend les flancs de montagnes très particuliers, très doux. On traverse quelques villages et l'on comprend enfin pourquoi tous les terrains sont entourés de clôtures depuis que l'on est en Russie. Si les animaux sont en libertés, c'est les humains qui doivent être enfermés. Sauf enterrés ; on a vu un cimetière, sans bordure, muret ni barrière, sur la partie inférieure du flanc d'une colline, loin de toute habitation. Juste des tombes, blanches et bleues, de forme plus circulaire qu'autre chose, qui se détachait sur le vert pâle de l'herbe, c'était très beau. Lorsque l'on redescend vers le lac, on ne le voit qu'au dernier moment. Et encore, on ne voit que la fine bandelette d'eau qui se trouve entre l'île et le continent. On a l'impression de voir la mer. Je ne connais pas les dimensions du lac, mais sur une carte, l'île est toute petite par rapport au lac. Et elle fait déjà 70 km de long. D'après le Lonely Planet, des sous marins sondent les fonds du lac pour savoir quel est le point le plus profond. Pour l'instant (enfin le livre a été édité en 2014), ils ont réussi à descendre à plus de 1600 m sous la surface du lac. Toujours d'après la même source, le lac Baïkal représente 22% de la réserve d'eau douce de la planète. Et elle est potable ! Sûrement parce qu'elle est trop froide pour s'y baigner. Jamais plus de 8° à 10° en plein cœur de l'été. Mais ce n'était pas l'été. Nous sommes arrivé à la fin de la saison touristique. La plupart des guest-houses ferment au 31 septembre, ainsi que les commerces, les liaisons en ferry, bref, presque tout quoi. D'ailleurs à partir de ce jour, nous n'étions plus que nous deux là où nous logions. Et si je dis que ce n'était pas l'été, c'est parce que nous étions passé en automne. Et l'automne à Olkhon ne ressemble pas vraiment à l'automne marseillais, c'est la Sibérie. Même si c'est le sud de la Sibérie, ça nous a quand même fait étrange de passer des douces températures de début septembre en Ardèche, t-shirt au vent, lunettes de soleil sur le nez, à trois semaines plus tard, devoir utiliser les lunettes plus pour se protéger du vent glacé que du soleil. Au petit matin, pour avoir de l'eau pour se laver, il a fallu un jour casser la couche de glace en surface. Ambiance... Les randonnées étaient courtes (quand le soleil était au plus haut, ce qui de toute façon n'est jamais bien haut par ici), mais magnifique. A Irkoutsk, Olkhon est reconnue car c'est le seul endroit où steppe et taïga se côtoient. La côte ouest de l'île est couverte de steppes tandis que le centre et l'est sont couverts de sapins (la forêt c'est bien pour couper le vent du nord). Les abords du lac ressemblent soit au sud-ouest de l'angleterre, à savoir la pelouse qui va se jeter dans la mer, soit à un bord de mer plus classique : une pinède, du sable blanc, et des rouleaux qui viennent s'écraser sur la plage. Car oui, même s'ils ne sont pas très grand, les vagues déferlent en rouleaux. C'est vraiment la mer.