Le transsibérien est un rêve chez beaucoup de gens en Europe. A plusieurs reprises, lorsque l'on disait que l'on commençait notre voyage de cette façon, les gens trouvait ça génial. les russes s'en foutent. C'est juste une ligne de train comme une autre. Un Bordeaux-Paris quoi. Avec l’inconvénient que c'est plus long, que les toilettes puent et qu'il n'y a pas de douches. C'est leur avis et grand bien leur fasse, mais je ne partage pas tout à fait cet opinion (bien qu'ils n'aient pas tout à fait tort sur certains points...). Le billet du transsibérien s'achète à la gare de Moscou (ou tout autre gare) mais surtout pas sur internet où l'on vous le vendra le triple du prix (au minimum). Si vous êtes détenteurs d'une CB russe, vous pouvez acheter les billets pour la partie russe sur le site de la rzd, la compagnie des trains russes. Mais c'est compliqué, il y a beaucoup de classes (une assise, à éviter pour les longs trajets!) et trois en couchette. La première classe a des compartiments pour 2 personnes, la seconde classe des compartiments pour 4 personnes et la troisième classe est le wagon typique russe, qui a été exporté partout en Asie (on en a vu en Inde, en Thaïlande et en Indonésie), et qui est composé d'un long couloir ouvert, avec d'un côté des places assises au bord de la fenêtre qui se transforment en couchettes superposées (je n'ose pas dire lit). Et de l'autre côté un compartiment pour 4 mais complètement ouvert sur ce couloir qui n'est en fait délimité que par les banquettes et les cloisons qui séparent les compartiment de 4 les uns des autres. Une photo valant mieux qu'un long discours, je vous en met une. Une fois que vous avez choisi votre classe (pour nous la troisième), il y a encore pas mal de prix différents suivant votre couchette. C'est plus chère de dormir en bas qu'en haut, et c'est plus chère du côté des compartiments à 4 que des banquettes longeant le couloir de l'autre côté. Les moins chères de toutes étant les banquettes longeant le couloir, tout au bout, à côté de la porte qui mène aux toilettes. Devinez où nous étions. Les avantages de cette place : pour tout avouer ils sont rare. J'en vois tout de même un : lors de notre voyage Moscou-Ekaterinbourg, il faisait très chaud dans le wagon, un peu moins à nos places. Les inconvénients : Le bruit principalement, fait par tous les gens qui vont aux toilettes (ou aux poubelles qui sont dans le sas qui mène aux toilettes) et qui claquent la porte sans arrêt. Quand on veut s'endormir et qu'on a la tête à 20 cm de cette porte, c'est dur. Les odeurs des toilettes ? Pas vraiment. Les toilettes sentent bien évidemment, mais c'est bien fait et l'odeur reste confinée dans cette pièce. En revanche les odeurs de cigarettes elles sont bien présentes. Bien qu'indiqué de partout qu'il est interdit de fumer, les gens s'en fichent et vont dans les toilettes pour fumer. Et il y avait de gros fumeurs sur le trajet Ekaterinbourg – Irkoutsk, y compris une des contrôleurs. En gros, prenez vos places du côté des compartiments à 4 l'un au dessus de l'autre, c'est le mieux même si c'est plus cher. En disant contrôleur, je diminue un peu le rôle de ces personnes, car elles ne sont pas vraiment des contrôleurs comme on l'entend. Ils sont deux par wagons et restent toute la durée du trajet (7 jours aller, 7 jours retour). Ils contrôlent bien sur les billets (et passeports) lorsque l'on monte dans le train, mais ce sont eux qui distribuent les draps pour les couchettes, qui nettoient le sol et les toilettes, qui s'occupe du poêle (et si, les wagons sont chauffés grâce à un poêle qui tourne au bois concassé compacté en petite bûchettes. Une fois votre place choisie, n'oubliez pas votre bouquin (la liseuse est un atout indéniable pour ne pas se balader avec 2,5 kg de livre sur soi), et profitez du paysage. Le début est assez monotone mais magnifique. Une forêt de saules qui s'étend sur plusieurs milliers de kilomètres parfois entremêlés de sapins et entrecoupée de champs long de plusieurs kilomètres aux abords des villages. Mais ! Mais ! C'est l'automne ! Du coup on a eu droit à un véritable festival de couleurs. Le vert foncé des sapins, du vert clair des saules au rouge pétant en passant par le jaune d'or, les couleurs de l'automne en quelque sorte, sublimées par le soleil rasant du nord, qui défile pendant des heures (j'avoue, un bouquin ça aide). A partir de Krasnoïarsk le paysage change. Des collines font leur apparitions, elles sont les bienvenues car elles donnent de la profondeur de champ. Les arbres s'éclaircissent, petit à petit les sapins disparaissent les premiers, puis il y a de moins en moins de () : les steppes font leur apparition. Le soleil brille derrière la fenêtre et nous chauffe le visage, le bruit des roues du train sur les rails nous berce, il est temps de faire une sieste. Mais le transsibérien est avant tout un lieu de rencontre. En rando au dessus de Gresse-en-Vercors, j'avais discuté avec un gars qui l'avait fait et qui m'avait dit de prendre de la nourriture à partager, c'est le meilleur moyen d'entamer la conversation. Bien qu'on l'ai oublié au premier tronçon, il avait entièrement raison. Très vite, une babouchka nous a offert une grappe de raisin. Puis, lors du tronçon entre Ekaterinbourg et Irkoutsk, une autre, à qui nous avions offert des prunes, nous a gâtés. Nous avons eu droit à des tomates et des graines qui ressemblaient fortement à des pignons de pin mais en plus gros. Puis elle s'est mise à tricoter une paire de chaussettes avec un fil de laine bien épais à une vitesse ahurissante, et quelques heures après elle me l'a offert. Elle avait du remarquer que contrairement aux russes qui ont toujours une paire de chausson et un pyjama confortable pour la durée du trajet, j'allais nu-pied. Lauranne a eu droit à sa paire aussi, qu'elle a sortie de son sac presque terminée et qu'elle a fini d'ajuster à son pied. Les chaussettes de Lauranne sont peut-être plus jolies que les miennes, mais je suis convaincu que je peux passer une demi journée dans la neige en oubliant les chaussures sans m'en rendre compte. Voilà qui n'allège pas le sac.