Décision est prise : nous quittons les Visayas. La météo est trop mauvaise, des petits sigles représentant les nuages et la foudre s'égrenent inlassablement pour les quatorze prochains jours sur les sites de météo un peu partout dans la partie sud des Philippines. On remonte donc aujourd'hui au nord de Négros (n'oubliez pas de prononcer le 's' terminal ! ) à Bacolod, première ville de la province, et surtout port important qui va nous permettre de rejoindre l'île de Panay. La route traverse la chaîne de montagne qui sépare le Négros oriental du Négros occidental. La route à l'air magnifique, et la vue lorsque l'on attaque les contreforts montagneux sur le détroit entre Négros et Cébu doit être superbe par beau temps.
Après tergiversations, nous décidons une fois sur place de ne pas trop nous presser pour remonter, parce qu'après tout on a pas mal de route à faire, et que tout avaler en deux – trois jours à peine serait par trop inninterressant. Nous restons donc un jour de plus dans le coin, et faisons une escapade à Silay, ville voisine de Bacolod, très largement sur le déclin, mais qui fût une cité importante du temps des colons espagnols ; et l'age d'or de la ville, vers la fin du 19ème siècle est dû à la culture de la canne à sucre.
Cette ville a été assez sympa pour se ballader, puisqu'elle est plus petite que Dumagete ou Bacolod, il y a moins de trafic (l'ennemi public n°1 du piéton dans des villes où les trottoirs se font rares). Assez étrangement, Silay est riche en street art, on vous met une petite série de photos de certaines œuvres. On s'est laissé dire que le front de mer, à quelques kilomètres de Silay, est caffi de restaurants où les locaux vont manger des fruits de mer. Sur le papier la promenade pour y aller à l'air sympa. En pratique, c'est loin et il fait chaud. Très chaud. D'autant plus qu'une fois n'est pas coutume, nous nous mettons en route pendant les heures les plus chaudes. Nous arrêtons donc un tricycle (tricicletta), pour nous emmener jusqu'au bout. Le bord de mer est très beau et très calme. Calme surtout, c'est agréable. On a rencontré ici un groupe de jeunes, squattant sur une charrette et qui buvait le « jus de fruit national » à savoir : un jus d'orange (calamansi) en poudre dans de l'eau. Je n'ai pas réagit assez vite et me suis retrouvé avec un verre dans la main avec obligation de le finir. Heureusement je n'ai pas été malade.
Le rapport avec les gens change pour deux raisons : ici tout le monde ou presque parle anglais, ce qui est loin d'être le cas en asie du sud-est. Et de plus on n'essaye pas de nous vendre quoi que ce soit. Ici, et pour la première fois du voyage, on peut compter aveuglément sur les locaux pour nous guider dans nos démarches pour trouver un logement, un bus ou une direction. On l'a un peu fait aussi en Russie et en Chine, mais les gens parlant anglais étaient bien trop rares.