Sabang est le nom de l'une des plages au nord de Puerto-Galéras, et probablement la plus peuplée. Des resort et des dive shop s'entassent au bord de la plage, puis montent à flanc de colline. Il y a des blancs un peu partout : ça y'est, on est dans un endroit touristique. Dès notre descente du jeepney, le propriétaire du centre de plongée où nous voulions aller nous alpague en nous disant de venir chez lui. Lorsqu'il apprend que nous sommes français, sa première réaction est de dire que les français viennent souvent chez lui parce que ce n'est pas cher ; et sa seconde est de nous dire que Miss France a gagné Miss Univers, titre précédemment échu à Miss Philippines. Il nous emmène dans une petite maison à flanc de collines à l'extrémité est de Sabang. Un petit coin au calme très sympatique et effectivement moins cher qu'ailleurs. Nous avons en plus d'une chambre, une grande cuisine, un salon complètement inutile à cause d'un agencement aussi saugrenu que malavisé, et cerise sur le gâteau, un grand balcon avec une splendide vue sur la mer et le soleil couchant. Nous allons rester neuf nuits ici.
En plus, le lendemain de notre arrivée, c'est les 7 ans du club. Les guides de plongée organisent donc une fête où nous sommes conviés et nous offrent viande et poissons cuits au barbecue, différentes salades et bière à volonté. Bien allumé, le patron nous a tenu la jambe pendant une demi-heure à nous parler de Miss France et consorts, ainsi que du fait qu'il est une personne influente sur cette île et celles alentours. Il nous a aussi dit qu'il avait fait du trafic d'arme, mais comme il n'aime pas la guerre, il sabote toutes celles qu'il a entre les mains avant de les revendre. Trop de poudre dans les munitions font exploser les fusils, et pas assez dans les grenades les rendent inutiles. Un drôle de bonhomme. Lorsque nous sommes allé plonger le lendemain, certains guides ne plongeaient pas à cause de la barre en plein milieu du front...
Nous avons fait une dizaine de plongées autour de Sabang. Les moniteurs nous ont appris qu'en 2007 un ouragan avait littéralement fait disparaître toute forme de vie jusqu'à presque 20m de profondeurs : coraux, gorgones, anémones, bref tout ce qui s'accrochait au fond de la mer a été embarqué par les vagues. Heureusement, la vie a repris son cours et il y a de nouveaux des récifs coraliens. Les fonds sont plus eaux que ce que l'on avait vu aux caraïbes, mais moins beaux qu'en Indonésie. On y trouve en dehors des coraux (durs commes mous, de toutes les formes et de toutes les couleurs) les plus beaux poissons du monde : les balistes aux dents rouges. Lorsque la lumière du soleil se reflète sur leur écailles bleues, le spéctacle est tout simplement magnifique. Mais si les gens viennent plonger ici, c'est surtout pour la macro comme on dit. A savoir tout ce qui est petit. Il y a des nudiberanches de toutes les formes et d et de toutes les couleurs en quantité impressionnante (Lauranne a l'oeil pour les trouver), j'ai pu m'attarder sur un hippocampe accroché à son algue sur fond de sable. On n'a pas vu d'hippocampe pygmée mais il faut dire que ce n'est pas facile. Une grande tortue peu farouche s'est laissée approcher à moins de 50 cm pendant un petit quart d'heure pendant qu'elle s'acharnait avec son bec crochu sur une éponge. Une plngée a aussi été consacrée à « clam city », à savoir la ville aux bénitiers. Pas moins d'une cinquantaine de bénitiers vivent là, sur un sol plutôt sableux par quinze mètres de profondeurs. La particularité de clam city, c'est que les bénitiers ne sont pas enfouis dans le sol mais simplement posé sur le sable, ce qui permet de les voir en entier. En plus ils sont gros. Les plus gros faisaient bien 1m20 de large pour 80 cm de haut. Avec leur lèvres violètes ou vertes, c'est un superbe spéctacle.
L'équipe ici était vraiment sympathique. Ce sont tous des jeunes du coin qui sont devenus plongeurs professionnels après avoir été qui pêcheur, qui marin et qui voulaient avoir une autre approche de la mer. Le fait est qu'ils ont grandit dans le coin, et pour la plupart sur l'eau. Ils connaissent parfaitement leur mer, et les instructeurs d'autres clubs de plongée viennent parfois les voir pour savoir sur quel site il y aura trop de courant, ou encore pas assez de visibilité. Toutes les bonnes choses ayant une fin, nous prenons finalement une bangka énorme qui traverse la passe entre Mindoro et Luçon. Nous n'avons qu'un petit aperçu de Manille en alant à l'aéroport. Des bouchons. Immenses et interminables.