Après une heure à chercher, nous décidons finalement d'aller à la prochaine ville : Caraz. En une demi-heure de micros nous y sommes, et après avoir marché moins de 5 minutes, nous trouvons l'hostal le moins cher depuis que nous sommes en Amérique du sud, et avec la meilleur chambre depuis le même temps qui plus est.



Nous passons le reste de la journée à déambuler dans les rues de cette petite ville qui nous plaît décidément de plus en plus. Nous sommes descendus en altitude (2200m) et bien montés vers l'équateur. Techniquement nous sommes en zone tropicale depuis le nord Chili, mais ce n'est que maintenant que nous le ressentons. Le marché est immense et bien fourni, et les gens que nous croisons vraiment gentil. Et pour ne rien gâcher, il nous faudra pas moins de deux jours avant de croiser un blanc. Nous nous faisons copains avec la boulangère de la rue qui ne manque pas de nous offrir des pâtisseries à chaque fois que nous allons acheter du pain ; la chambre a une ribambelle de fenêtres qui donnent sur la cordillera Negra ; bref, on est bien ici.



Mais ici c'est où ? Nous sommes dans la Callejón de Huaylas, une vallée creusée par le rio Santa, qui sépare la cordillera Negra de la cordillera Blanca. Les noms de ces cordillères n'ont pas été choisies au hasard : la cordillera negra porte ce nom car elle est brune (logique...) mais probablement surtout par comparaison à la cordillera Blanca qui elle porte bien son nom. En effet, cette cordillère relativement petite (environ 100km de long sur 10km de large) comporte pas moins de 50 sommets qui culminent à plus de 5700 m d'altitude, dont 17 sont au dessus de 6000 m. Il est bon de noter que le plus haut sommet du Pérou, le Huascarán Sur se trouve ici. Avec toutes ces montagnes, ce n'est pas moins de 722 glaciers qui ont élus domicile entre les différentes arrêtes et combes, donnant son nom à la cordillère.



On est bien ici seulement voilà : il ne fait pas beau sur les montagnes. Dans la vallée où nous sommes, le ciel est azur quasiment tous les jours de l'aube au crépuscule, mais lorsque nous regardons vers la cordillera Blanca, nous voyons bien que la météo a vu juste : de gros nuages s’amoncellent sur les sommets. Alors en attendant de pouvoir aller faire le trek de 4 jours 3 nuits pour lequel nous sommes venus ici, nous patientons comme nous pouvons.




C'est comme ça que nous nous retrouvons un beau matin à aller faire une randonnée à la laguna Parón, qui se trouve au plein cœur de la cordillera Blanca. Entourée sur trois de ces flancs par quatre sommets à plus de 6000 m, nous sommes heureux, au bout de 3 petites heures de marche, de pouvoir admirer le reflet des glaciers dans les eaux d'un turquoise irréel du lac. Je ne parlerai pas plus avant de la beauté du site, les mots sont ici inutiles. Et même si les photos ne rendent pas grâce à la beauté de l'endroit, c'est encore elles les mieux placées pour en parler.



Le lendemain, un mal de dos (oui encore) m'empêche d'aller voir un autre petit bijou du coin : la laguna 69. Lauranne ira passer la journée là haut, sous un glacier impressionnant. Elle devait de plus en profiter pour acheter les billets d'entrée au parc qui nous serons utiles pour le trek de 4 jours. Seulement voilà, elle est arrivée trop tôt et le check-point était fermé, et à son retour, il n'y avait personne non plus. Tant pis, on se débrouillera autrement.



Vient dimanche, et dimanche, c'est jour de marché. A Carhuaz, la ville où nous ne sommes pas resté, tous les dimanche se déroule le grand marché de la région. Tout le monde vient. Les mamies descendent de leur hameaux dans les montagnes chargées de vêtements qu'elles ont tricotés (et qu'elles continuent de tricoter en attendant le chaland), et des lignes de bus qui n'existent pas les autres jours permettent à tout le monde de venir. Et contrairement à l'Asie, ce n'est pas un bal à touriste nous n'en croiserons d'ailleurs qu'un seul groupe de trois, au milieu de ce marché géant. Les rues sont encombrées de gens, de fruits, de légumes, mais pas que. On croise des vendeurs d'à peu près tout. Pioches, marmites dans lesquelles on pourrait faire cuire un ou deux adultes sans soucis, DVD, cochons d'indes, poules, il y a même le fameux charlatan qui t'explique pourquoi le nouvel économe Willy-waller 2006 est beaucoup mieux qu'un simple économe, vidéo à l'appui.



Nous visitons aussi le Campo Santo de Yungay, autre bourgade entre Carhuaaz et Caraz. Yungay a une histoire tragique, encore plus que le reste de la vallée. En effet, le 31 mai 1970, un séisme de magnitude 7.9 a frappé cette partie du Pérou (ça commence à ne plus rigoler du tout à ce niveau là, pour vous donner une idée, des dégâts dus aux vibrations ont été répertoriés sur une surface plus grande que la Belgique et les Pays-Bas réunis, et il a été ressenti jusque dans la partie centrale du Brésil, à plus de 2000 km de là). Ici, il est connu comme le Great Peruvian earthquake et est la catastrophe naturelle la plus meurtrière que le Pérou aie connu (70 000 morts). Ce fut aussi l'avalanche la plus mortelle jamais enregistrée. En effet, le tremblement de terre a décroché un pan entier du sommet le plus haut de la cordillera Blanca, le Huascaran Sur. Et Yungay, qui se situait alors juste en dessous, a littéralement vu le ciel lui tomber sur la tête. Lorsque aujourd'hui on regarde le sommet, on voit nettement que la partie gauche de la montagne s'est décroché. D'après les estimations, environ 80 millions de m3 de glace, de boue et de rochers se sont abattus sur la vallée.