Pendant que les québécois râlent sur les coqs qui les ont embêtés ce matin, nous nous réveillons tout frais pour cette nouvelle journée de marche. Aujourd'hui, au lieu de descendre pour mieux pouvoir monter derrière, nous allons en premier passer un col pour ensuite redescendre. Nous sommes dans la même vallée qui est certes belle mais ça fait maintenant le troisième jour et nous avons hâte de passer à autre chose. Or, avant d'arriver au col, il faut bien avouer que le sentier grimpe bien comme il faut. Il y a même une petite heure de marche qui se fait justement sur des marches car sinon le chemin serait trop raide pour marcher sans glisser dans la poussière.



Nous croisons, peu avant (et peu après aussi d'ailleurs) d'arriver au col, des habitations sommaires en bâches et des outils aux abords d'entrées de mines.Un arieros nous apprend qu'il s'agit de mines d'or qui sont toujours en activité. Mais elles ne sont pas très riches en minerai et peu de personnes viennent travailler ici.



Lorsque nous arrivons enfin au col, il est l'heure de manger. Ça tombe bien, la vue est magnifique. En face de nous, les chaînes de montagnes qui s'étalent autours du Pumasillo et du Chuqitakarpu sont recouverte de glaciers. Pendant notre pic-nic, un couple de condors s'amuse à passer et repasser en face de nous. Lorsqu'ils passent au dessus de nous, nous les voyons d'un noir de jais. En revanche, lorsqu'ils passent en dessous de nous, nous pouvons voir que bien que leur corps est noir, leurs ailes sont d'un blanc immaculé, en dehors des plumes qui forment les doigts au bout des ailes (noires elles aussi). En plus, vu que nous sommes remontés en altitude (4150m le col), nous ne sommes plus embêtés par les sadflies. Heureusement, la nature est bien faite, et à cette altitude, ce sont des taons qu'il faut se méfier...



Sur la redescente vers le village de Yanama où nous allons passer la nuit, nous discutons plus avant avec Renaud, qui est directeur de programme au centre de recherche pour le développement international à Otawa. Son travail à l'air passionnant, il coordonne 19 personnes qui ont pour mission d'aider les gouvernements sur le domaine de santé publique, et tout particulièrement de l'alimentation. Ils ne prennent pas d'initiative de nouveau programme pour ne pas donner une réponse à un sujet ressenti, mais répondent aux besoins de personnes vivant le problème. C'est une approche qui nous plaît.



Un exemple ? Dans l'est africain, la plupart des granuleuses qui formaient l'ordinaire de l'alimentation ont tendance à disparaître. Plusieurs raisons à cela : le temps de cuisson est généralement très long (deux heures), or, avec l'accroissement de la population, le bois (et donc la source d'énergie) a tendance à s'amenuiser. Les gens leur préfèrent donc le riz et les pâtes, plus rapides à faire cuire mais nettement moins nutritives et pauvres en protéines. L'équipe a donc recherché quelles granuleuses étaient les plus riches, et ont aidé les gens du coins (surtout les femmes) à créer des petites entreprises locales qui précuisent les légumineuses pour que ce soit ensuite plus rapide à faire cuire par les particuliers (un peu comme notre riz cuit en 5 minutes). Apparemment ils ont de très bon retours des gens du coin et il y a un net retour à ces légumineuses, puisque les gens préfèrent tout de même cette nourriture dont ils ont l'habitude aux pâtes ou au riz récemment introduits dans leur alimentation.



On a passé l'après-midi à discuter avec lui de son boulot (entre autre) ainsi que du fait qu'il faut vraiment aller visiter le Canada. Peut-être le prochain voyage...

Pour l'instant, nous arrivons à Yanama, petit village paisible de 96 familles perdu au milieu des montagnes. Le camping fait office de supérette et à peu près tout le village passe par là. En plus on est dimanche, et c'est match sur le terrain de football. Il y a une bonne ambiance ici, c'est reposant.