Nous savons que nous avons deux journées pour rejoindre Hancacalle, une petite étape, et une grande. On ne peut malheureusement pas couper autrement, tant pis. Nous prenons donc un petit-déjeuner tranquillement au camping, le sempiternel riz + tomate + oignon +œuf frit. Nous traversons ensuite le village pour rejoindre un petit sentier qui descend tranquillement vers la rivière quelques centaines de mètres plus bas.



C'est ici que nous quittons le trek habituel. En effet, la plupart des gens, depuis Yanama rejoignent le Salkantay (à l'est) qui mène au Machu Picchu. Et depuis que Yanama est relié au reste du monde par une piste, les gens peuvent y aller en voiture (comme nos amis québécois qui nous ont quittés hier). Nous, nous partons plein nord dans une petite vallée qui ne mène nulle part, si ce n'est dans un cirque à l'embouchure duquel nous avons prévu de dormir ce soir. Il y a paraît-il une ancienne voie royale dans cette vallée.



Mais pour l'instant nous n'en somme pas encore là. Nous sommes encore assez proche de Yanama, et il y a encore des gens qui nous croisent et qui se rendent à Yanama depuis les hameaux voisins. Nous nous rendons compte que nous commençons à avoir un bon rythme de marche lorsqu'un septuagénaire en tatanes (faites avec des rebuts de pneus) tirant son cheval a du mal à nous doubler...



Après le passage de la rivière, nous remontons tranquillement le flanc opposé. Nous sommes loin ici des sentiers raides des derniers jours, et c'est avec plaisir que nous marchons à l'ombre des arbres. Le sentier bifurque alors et quitte la vallée de Yanama pour suivre un affluant de la rivière. Nouveau changement de vue, nouvelles montagnes, nouveaux glaciers... Et puis nous nous retrouvons assez vite au fond de la vallée à remonter le courant de la rivière. Nous arrivons enfin dans un paysage que nous connaissons un peu plus. Herbe, rivière et arbres, le tout parsemé de vaches qui paissent. Nous pic-niquons au bord de la rivière. Ici nous sommes à l'altitude parfaite : sandflies et taons coexistent en parfaite harmonie.



Nous ne nous attardons pas en ce lieu, et dès que la tente eut séchée, nous continuons à remonter cette vallée qui va en se resserrant. Les sommet autours de nous deviennent de plus en plus effilés, voire même un peu effrayant. Nous observons une grande quantité de rochers (parfois gros comme une maison) qui ont dégringolés des parois abruptes et se retrouvent dans le fond de la vallée. Nous avons un peu peur de planter la tente ici.



Heureusement, la vallée s'élargit (un tout petit peu) lorsque nous arrivons vers le campement. C'est un grand complexe, refuge et deux cabanes en dur qui chacune abrite quatre barbecues. Le tout a été construit en 2010 par la région de Cusco, et un panneau indique qu'à une époque il y avait un gardien qui gérait tout ça. Mais à l'heure actuelle, c'est plutôt un complexe fantôme que nous voyons. Fenêtres du refuge cassées, porte ouverte sur un intérieur défoncé. Seules les vaches sont en bonne santé. Nous nous éloignons un peu et plantons la tente. Il était temps, le soleil a disparu derrière les sommets qui nous surplombent. Il est 14h30 ; on vous avait prévenu que nous étions dans une vallée encaissée !