Après un bref arrêt de quelques heures à La Paz pour changer de bus, nous prenons un bus qui doit nous emmener à Puno au Pérou avec un changement à Copacabana. Seulement voilà, en arrivant à Copacabana, il y a un tel air de détente, une lumière de fin de journée qui donne envie de s'y attarder. De plus, la compagnie de bus a un accord avec un hôtel qui propose ses chambres à moitié prix. On repousse donc notre départ de quelques jours et allons investir cette magnifique chambre que nous ne nous serions pas payé sans la réduction et qui de surcroît a une vue juste magnifique sur le lac Titicaca (mais il faut la mériter : être au sixième étage à plus de 3800m d'altitude vous forge les poumons).



A Copacabana, tout le monde prend le bateau pour aller sur les deux îles phares du lac : l'Isla del Sol et l'Isla de la Luna, qui sont d'anciens lieux d'influence de la civilisation Inca, chacune abritant un temple, dédié soit au soleil, soit à la lune. Au petit matin, en ouvrant les rideaux pour apprécier la vue, nous avons au premier plan, sur le port, des centaines de touristes faisant la queue pour monter sur des embarcations surchargées qui les emmèneront sur les fameuses îles. Si l'on ajoute le fait que ça chauffe sur la partie nord de l'île qui est donc actuellement à exclure, nous n'avons pas eu envie d e monter dans ses fameuses embarcations. Nous avons heureusement des infos supplémentaires comme quoi il y a une randonnée sympa à faire sur la péninsule.



Nous voilà donc partis vers la pointe nord de la péninsule pour rejoindre Yampupata de bon matin. Malheureusement, depuis les dernières infos dont nous disposons, le sentier s'est transformé en piste et il y a même pas mal de voitures (des taxis collectifs pour la plupart : « colectivos » dans la langue de Cervantes) qui soulèvent des nuages de poussière à leur passage. Au bout d'un moment nous décidons donc de monter dans l'un d'entre eux pour aller directement à Yampupata d'où nous ferons le retour via un sentier loin de toute circulation. Lorsque nous avons pris un peu de hauteur et que nous avons une vue plus globale sur le lac, les îles (del Sol et de la Luna) avec les cimes enneigées de la Cordillera Real au fond, on se dit que l'on a gagné notre journée. Le chemin redescend tranquillement vers la rive est de la péninsule, inhabitée, où seuls les oiseaux vivent. Une espèce tout particulièrement nous attire l’œil. En dehors de ces ailes qui sont noires, son corps est jaune, d'un jaune qui ne devrait pas exister dans la nature, et de manière plus générale ailleurs que dans l'encre d'un fluo bic (sûrement un Phrygile du Pérou).



Le chemin longe la côte à mi-hauteur d'une falaise qui plonge dans le lac, ici ce sont des aigles qui s'amusent dans les courants d'air, une bonne vingtaine qui nous tournent autour. C'est décidé, c'est ici que l'on pic-nique. Un peu plus loin, le sentier rejoint le village de Sampaya. Et là : miracle. Il s'agit d'un beau village ! Le premier que nous voyons en Bolivie ! Les maisons sont faites en pierres ou en briques d'adobe et non en brique et béton. Les ruelles sont en pierres et herbe au lieu de l'habituelle couche de poussière, et enfin des fleurs poussent partout à la place des tiges d'acier qui s’amassent normalement au sommet des maisons au cas ou l'on voudrait rajouter un étage. C'est donc les mirettes bien éblouies que nous rentrons à l'hôtel par la même piste que le matin même, qui est à cette heure vide de toute circulation (ou presque). Nous profitons de cette escale lagunaire pour manger du poisson. De la truite surtout, mais pas seulement, il y a aussi de la friture (des ispis) et de la perche. Bref, Lauranne s'en est donnée à cœur joie.



Le lendemain c'est la fête à Copacabana. Une fête... péruvienne, ici, en Bolivie. Les péruviens traversent la frontière et viennent passer quelques jours pour faire bénir leur voitures. Des pétards explosent et leur voitures sont toutes décorées de fleurs et de tout un tas de fioritures.



Nous passerons la frontière le surlendemain, une frontière bien rodée : queue, tampon, on marche 2 minutes et puis de nouveau queue, tampon, et on remonte dans le bus qui attend un peu plus loin.