On n'en avait pas encore vu, mais il existe des chinois baba-cools. Avec des dreadlocks, des pantalons en tissus très larges et qui jouent du djembé. Apparemment, ils se sont tous donnés rendez-vous à Dali. On le suspectait déjà lorsque l'on était à Shaxi, d'après nos échanges avec Choï et Yun er (sa femme). Eux même sont des tshuss ++. Choi a vécu pendant 16 ans dans une communauté de type l'Arche, où il a rencontré sa femme. Ils vivent sur un petit bout de terrain, à 10 km de la vieille ville de Dali, dans une yourte en bordure de la forêt, mais j'y reviendrais plus tard.
Dali a un emplacement idéal. Située en bordure du lac Er, sous les monts Cang qui culminent à plus de 4000m (la ville elle même est à 2000m d’altitude), environ tout ce qui pousse sur terre peut pousser ici. Bien qu'on soit en automne et en altitude, il fait assez bon pour se promener en t-shirt, et en plus c'est période de récolte pour nombre de fruits et légumes. Avec le lac pour fournir le poisson, il y a vraiment de tout sur les étals des marchés. Tant qu'on en est à parler nourriture, nous nous sommes vu confirmer ce que l'on pensait déjà lorsque le jeune femme qui nous logeait nous a dit : « si vous avez un doute sur où manger, choisissez un street-food musulman » C'est effectivement ce que l'on faisait. Depuis Pékin déjà, nous avions remarqué que le meilleur endroit que nous avions trouvé pour manger était tenu par des musulmans. Nous pensions alors qu'il venait du nord-oust de la Chine, vers la frontière avec le Kazakhstan mais pas du tout. Il existe une communauté Hui ici au Yunnan qui fait la meilleur nourriture que l'on ai mangé en Chine. Notamment des spaghettis qu'ils fabriquent à la main à partir d'une boule de pâte avec une technique aussi efficace qu'impressionnante. Pour visiter les alentours du lac, nous avons loué la terreur des rues, j'ai nommé le scooter électrique. Il n'est pas vraiment rapide, n'a pas une autonomie monstre (environ 60-70km lorsque l'on est deux dessus), mais il a deux atouts qui ont fait de lui le caïd des rues chinoises : il se faufile de partout et il est complètement silencieux, ce qui fait qu'il est impossible de savoir qu'il y en a un qui s'approche de vous par derrière, peut importe que vous soyez sur un trottoir ou non. Nous n'avons malheureusement pas pu gravir les montagnes car un épais manteau nuageux s'est fait un malin plaisir de rester collé à ses flancs jusqu'à notre départ. Cela n'aurait pourtant pas été difficile, ici il y a jusqu'à trois cable-car qui permettent de monter directement au sommet ou à d'autres endroits clefs de la chaîne de montagne. En revanche, nous avons revu la famille de Choï. Il nous avait donné son n° de téléphone à Shaxi pour que l'on puisse manger un jour ensemble, et surtout échanger. Le but étant que l'on cuisine quelque chose de français pour eux, et eux un plat traditionnel. Ce n'est qu'en arrivant sur le marché que nous nous sommes rendu compte d'un soucis : les légumes, et une grande partie des fruits, sont radicalement différents des nôtres. Nous avons bien repéré salade verte et tomates, mais ici il vaut mieux manger cuit pour éviter toute contamination, donc exit les salades. Heureusement il y a des pommes partout dans le monde, on leur a donc fait une tarte tatin, qui a le bon goût de ne plus être un plat anglais (apple pie) à partir du moment où l'on intervertit la pâte avec les pommes. De leur côté, ils avaient préparé du poisson avec une sauce vinaigre-sucre à se rouler par terre, ainsi que de la friture au piment (mais pas trop), de la racine de lotus (délicieux) et un mélange de riz complet. Nous avons passé la journée avec eux pour finir et ce fut très agréable. On dirait un couple d’adolescent de 40ans, plein de projets et de rêve pour l'avenir. Le tout branché alternatif et permaculture bien évidemment.