On a enfin trouvé un petit village sympa : c'est Shaxi qu'il faut prononcer Sachi (ou sinon on la découpe en petit cubes, on la fait bouillir et on la mange avec du riz ! ). Pour venir ici, il faut prendre un bus de nuit entre Kunming et Jianchuan en premier lieu, puis une camionnette pour rejoindre Shaxi. Le bus de nuit est rigolo, il y a trois rangées de couchettes superposées : une de chaque côté le long des fenêtres et une autre au milieu. Le seul hic c'est que les couchettes ne sont pas vraiment larges. Allongé sur le dos, on ne peut pas avoir en même temps les deux bras le long du corps. Il y en a forcément un qui tombe. On nous avait dit qu'il fallait environ 8h de trajet, et sachant qu'en Chine les bus ne roulent pas entre 2h et 5h, en partant à 19h on pensait arriver au petit matin. C'est pour ça que lorsque le bus s'est arrêté vers 1h30 dans une gare, on pensait que c'était l'heure de la pause. En fait non ; on était déjà arrivés, mais ça on ne l'a appris que plus tard, car ils nous ont laissés (nous et les autres) dormir jusqu'à 7h du matin passé.
Shaxi, à la base, est un ancien oasis sur la route dite « thé-cheval ». Tout le monde connaît la route de la soie qui reliait la Chine à l'Europe, mais la route thé-cheval était à l'époque (VIIème au Xème siècle) tout aussi importante en Chine, et reliait Xi'an dans le centre de la Chine à l' Inde, en passant par les contreforts de l’Himalaya dans le Yunnan en Chine, puis au Myanmar et enfin en Inde.
Ici on fait surtout de la marche. Il faut dire qu'il y a de quoi faire tout autour. Les montagnes ne sont pas encore bien élevées, mais on est tout de même dans une belle petite vallée. Nous avons rencontré le lendemain matin de notre arrivé une famille chinoise qui nous a invité à les rejoindre faire une randonnée avec un Israélien. Direction les trois lacs cachés. Prolixe, Choï nous explique tout sur les plantes de son pays, et surtout leur usages en médecine traditionnelle. Sa femme ne parle pratiquement pas anglais, mais a l'air d'en connaître un rayon en la matière aussi. Ils ont tous les deux quitté une communauté où ils ont vécus pendant longtemps pour venir s'installer dans une yourte à l'orée de la forêt en périphérie d' une ville non loin, Dali. On s'en doutait déjà, mais Shaxi est un village de tshuss. On a vu ici nos premiers jeunes aux cheveux longs. D'ailleurs, il y fait bon vivre. Le temps passe plus lentement, les gens ne sont pas stressés. S'il ne faisait pas un temps de chien, nous serions bien restés plus longtemps.