En khmer, Cham désigne les musulmans. Kompong Cham est donc la ville aux musulmans. Enfin, était, parce que la colonisation francaise est passée par là. Les communautés musulmanes existent toujours alentours, mais les français ont bien transformés la ville, qui était alors importante, car la région était utilisée pour faire pousser l'hévéa, dont le LaTeX est par la suite transformé en caoutchouc. Depuis la fin de la colonisation, la ville a perdu en importance. Maintenant, il reste de larges avenues, de grandes maisons coloniales, et une promenade le long du Mékong. Ici, il fait bon vivre au ralenti. Ca tombe bien, on est là pour reposer les chevilles de Lauranne après la bourde à Angkor. On n'a pas non plus rien fait, bien qu'il n'y ait pas moult choses à voir dans le coin. Un vieux temple contemporains de ceux d'Angkor, mais pas aussi bien restauré donc il n'en reste pas grand chose à part les murs d'enceinte, et les portes (balaises quand même) est et ouest. Et à l'intérieur, ils ont reconstruit un nouveau temple, tout beau tout neuf, dans un style qui n'a rien à voir avec ce qui se faisait il y a pas loin de 1000 ans, c'est assez rigolo.
Sinon on a été visiter les collines de l'homme et de la femme. Une légende particulière entoure ces deux collines séparées l'une de l'autre de pas plus d'un kilomètre. Un noble couple voit naître un enfant, mais la mère se voit contrainte d'abandonner son enfant au Mékong pour le protéger de son père. Recueilli par on ne sait qui, il grandit loin de son lieu de naissance, mais y retourne une fois adulte. Il y rencontre sa mère, devenue veuve, et en tombe éperdument amoureux. Sa mère, qui reconnaît en lui son fils, lui dit que c'est impossible car il est son fils. Ce dernier ne veut rien savoir, il ne la croî pas. Alors sa mère lui dit qu'ils vont faire un concours. Lui, avec l'aide de tous les hommes du coin, et elle, avec l'aide de toutes les femmes du coin, vont construire chacun une colline, de la tombée de la nuit à la pique du jour. Le fils accepte, sûr de gagner. Mais, au beau milieu de la nuit, derière leur montagne qui se trouve à l'est de celle des hommes, les femmes allument un brasier immense. Les hommes, croyant que le soleil se lève, arrètent leur construction, et les femmes en profitent pour construire toujours plus haut.
C'est pour ça qu'encore aujourd'hui, la colline des femmes est plus haute que celle des hommes. C'est marant de voir les similitudes avec Œdipe dans une légende qui est née à l'autre côté du monde. Le complexe du même nom serait donc commun à l'ensemble des civilisations ?
Toujours est-il que si le temple au sommet de la montagne des hommes est très grand, il est assez froid et ne montre que très peu d'intérêt. En revanche, le temple des femmes est super. Tout petit, il se dégage une telle sérénité de cet endroit, que l'on est resté une bonne heure assis sur un banc, à l'ombre d'un arbre à regarder des grands papillons jaunes et noirs butiner. Ensuite nous sommes aller faire un tour sur une grande île sur le Mékong, koh Pen. Le top n'est pas l'île en elle même, qui est en fait une campagne assez riche, étrangement : mais le pont qui y mène. Détruit chaque année pendant la mousson, il est entièrement reconstruit à chaque début de saison sèche. Et s'il est si vite balayé par les eaux, c'est tout simplement parce qu'il est en bambou. Uniquement en bambou. On peut y passer en camionette dessus, ça tient, pas de soucis. C'est assez extraordinaire à voir, est très beau en fin de journée. On a été content d'en profiter car à une poignée de kilomètres de là, un pont bien en bêton lui est en train d'être construit. D'ici une mousson ou deux, le pont de bambou ne sera plus reconstruit...