Ville étape pour les gens qui vont au Laos où partent randonner dans les parcs naturels de Ratanakiri, Stung Treng n’attire en rien lorsque l'on lit dessus dans les guides ou sur le net. Les gens y passent une nuit dans un des rare logements qui existent ici, et sont repartis à l'aurore. En plus il n'y a pas grand chose à faire. C'est vrai qu'à première vue, la ville ne fait pas envie. C'est tout d'abord une ville très pauvre, les déchets s'empilent au bord des routes, dont peu sont goudronnées. Les abords de la rivière Tonlé Sékong, qui se jette dans le Mékong à l'extrémité ouest de la ville ressemblent plus à une poubelle géante qu'à la promenade que nous venons de quitter à Kompong Cham. Et demain, Lauranne à 32 ans. Heureusement, sur travelfish, un guide de voyage en ligne, j'ai repéré une guesthouse / lodge à une petite dizaine de kilomètres au nord de la ville en direction du Laos. Ça sera son cadeau. Un bungalow au bord du Mékong, mais un bungalow de luxe, il y a même de l'eau chaude pour se doucher, c'est dire. On n'est cependant pas au niveau du Mékong, mais bien plus haut, et c'est normal, on est en saison sèche. Pendant la saison des pluies / fonte des neiges himalayennes, le niveau du Mékong peut prendre jusqu'à dix mètres ! L'endroit est certes beau, le restaurant sur pilotis au dessus du Mékong donne certe sur un magnifique soleil couchant, mais le top ce n'est pas ça : c'est la journée du lendemain.
On s'est payé une journée sur le thème du Mékong. Au matin, nous sommes montés dans une embarcation, direction une grosse dizaine de kilomètres en amont, plein nord. Nous sommes arrivés dans une forêt engloutie. Il y a une forêt qui pousse au beau milieu du Mékong. Et de grands arbres en plus ! Qui doivent paraître beaucoup plus petit lorsque le Mékong est 10m plus haut... Et à cause du courant lors de la saison des pluies, leurs racines aériennes poussent toutes vers l'aval. Cela donne des arbres très particuliers. On vous en mettra un ou deux en photo. Ensuite, en forêt c'est pratique, on trouve plein d'arbres à bonne distance pour accrocher des hamacs. On a donc bouquiné et mangé des fruits dans nos hamacs, perchés à 30 cm au dessus de l'eau. Nous avons réussi à voir cinq espèces d'oiseaux différents, dont des ibis, des perruches (dont une jaune vif), des pics, et encore d'autres que nous ne connaissons pas. Ensuite, après une ballade dans la forêt (je ne m'étais jamais promené en forêt en kayak avant), nous avons entamé notre décente du Mékong, toujours sur nos kayaks. Nous nous sommes arrêtés sur un gros banc de sable pour regarder des ibis blancs, qui abondent dans le coin, puis avons fini la promenade en nous paumant un peu entre les îles et îlots du fleuve, mais nous avons aperçu la guest-house juste au moment d'un coucher de soleil magique. Nous sommes resté 3 nuits / 2 jours dans cet endroit sympathique, mais nous sommes ensuite retournés en ville, qui se trouve être essentiellement un grand marché de nourriture. Sur les étals, nous avons croisé un furet et une belette.
Le lendemain, nous avons loué un scooter et avons fait 2h de route sur une piste en terre battue pour aller presque jusqu'au Laos, de l'autre côté du Mékong. Là nous avons payé quelqu'un pour monter sur son bateau et aller encore plus haut, voir les dauphins Irrawaddy. Dauphins d'eau douce, ces derniers sont protégés, car en disparition (il en resterait une centaine dans le Mékong entre Laos et Cambodge). Ils sont plutôt grand pour des dauphins, environ 2m de long, et n'ont pas de museau allongé comme leurs congénères, mais une bosse sur le sommet de la tête. Même la petite pluie qui s'est installée n'a pas réussie à nous gâcher le spectacle. En faisant une petite dizaine de kilomètres de plus, nous jouons avec la frontière laotienne pour aller voir une cascade sur le Mékong, forcément plus large que haute. Une horde d'hirondelles attendent leur heure à l'aplomb ; poisson, prend garde à la frontière.
La frontière, nous la passeront légalement cette fois, le lendemain, pour rejoindre Don Khone, sur les 4000 îles, tout au sud du Laos. De l'île sur laquelle nous sommes, nous voyons l'embarcadère que nous avions utilisé la veille au Cambodge. Cette fois, nous ne voulions pas payer la frontière plus cher que le prix légal. Parce que même si por nous ça ne représente pas beaucoup d'argent, pour les locaux, ça représente parfois une somme. Nous avons donc pris le temps avec les douaniers. Au tampon de sorti du Cambodge, tous les passagers du minivan nous ont été reconnaissant car une fois que les douaniers ont bien voulu nous faire passer sans payer de bakchich, ils ont fait passer tout le monde. Ensuite, ça a été plutôt l'inverse. Alors qu'ils payaient tous plus cher leur visa (parce qu'on était un dimanche...) nous avons joué avec les douaniers. Ils disaient que c'était plus cher, nous avons sorti les cacahuètes et les avons mangé devant leur guérite. Là encore nous avons gagné. Mais pour le tampon d'entrée au Laos, le chauffeur du minivan s'est impatienté et a dit qu'il partirait sans nous, nous avons donc payé ce dernier bakchich.