Pour éviter de trop se charger, nous n'avons pris à manger que pour 5 jours (et non 7), sachant qu'il y a certains campings (ou fermes, c'est selon) où nous pourrons manger. C'est le cas ici et nous prenons notre petit-déjeuner au camping avant de partir : riz (en quantité astronomique), deux tranches de tomate et d'oignon, et un œuf frit. Ce sera notre repas de base durant tout notre trek lorsque nous trouverons à manger (le prix s'accentuant en même temps que la distance avec la civilisation augmente). C'est donc le ventre plein que nous finissons la descente commencée la veille avant d'arriver à un pont pour passer la rivière. Ici, rebelote, il faut signer un registre, mais comme on est plus bas que la première fois, c'est au milieu d'un véritable nuage de sandflies que nous nous enregistrons.



Ensuite commence la montée, longue, très longue, avec nos sacs à dos pleins à craquer. Heureusement que nous sommes partis tôt, et heureusement qu'un nuage savamment placé a obstrué le soleil sur la quasi-totalité de l'ascension, sinon nous aurions cuit. Nous arrivons au hameau où un ariero (comprendre muletier) rencontré la veille nous a conseillé de dormir. Seulement il n'est que 11h30 du matin et nous nous disons que nous pouvons faire les derniers kilomètres qui nous séparent du camping officiel du Choquequirao. Nous allons donc nous y installer.



En chemin (sur un chemin fort à-pic d'ailleurs), nous apercevons les premières terrasses dégagées de la forêt en face de nous, et force nous est de constater que les Incas étaient fous. Outre le fait que les terrasses soient très hautes (lorsque les murs commencent à être plus haut que les terrasses sont larges, il faut commencer à se poser des questions), mais en plus, ils ont construit si près des falaises que le mur de la dernière terrasse est situé dans la continuité de la falaise (plus d'un kilomètre de vide tout de même). Ce sont ces mêmes terrasses que nous allons visiter cet après-midi après avoir planté la tente. Il nous faudra bien deux heures pour tout juste survoler le site (le soleil descend vite ici). Lauranne a même eu le vertige alors que l'on avait encore au moins une dizaine de terrasses sous nous avant d'atteindre la falaise. Il faut dire qu'ici les terrasses sont au moins deux (voir trois pour certaines) fois plus hautes que large.




Pour parler un peu de la cité de Choquequirao, elle est appelée la sœur du Machu Picchu car son organisation et son architecture sont très proche de cette dernière. Aujourd'hui, il n'y a qu'environ 30% du site qui a été défriché et restauré, les 70% restant sont toujours enfouis sous la végétation. Lorsque les travaux de restaurations seront terminés, le Choquequirao ne sera rien de moins que cinq fois plus grand que le Machu Picchu ! Le gouvernement du Pérou a d'ailleurs bien compris la manne que représente le site, et aujourd'hui 100 personnes travaillent à plein temps à sa restauration. De plus, un ingénieur français a été engagé pour réaliser la faisabilité de la construction d'un téléphérique qui permettrait de rejoindre le site sans avoir à faire les deux jours de marche. Après deux ans de travaux, le verdict est tombé : la roche n'est pas assez dure et le vent dans la vallée et trop fort pour pouvoir construire le téléphérique. Le Choquequirao est pour le moment sauf, mais ça ne durera probablement pas bien longtemps. Avis aux amateurs, il ne reste plus beaucoup de temps pour aller le visiter dans une relative tranquillité.