Les 4000 îles (Si Phan Don) sont un archipel perdu aux milieu du Mékong tout au sud du Laos. Il y a 6 – 7 ans, notre copine Juliette tombait amoureuse de l'endroit et y passe environ la moitié de son temps depuis. Il y a en effet une nonchalance typique des îles que l'on retrouve ici. Seulement voilà, le tourisme est passé par là avec ses gros sabots, tout particulièrement le tourisme de masse. Historiquement, les deux îles les plus connues (et peuplées) sont Don Det et Don Khon. Juliette vit sur Don Det, où le nombre de guest-houses n'arrête pas d'augmenter, elle est en train de réfléchir à partir plus loin du coup. En effet, Don Det est maintenant la capitale de la fête dans le coin. Ici, on peut boire des bières toute la journée, perché sur sa chambre à air de tracteur en se laissant entraîner par le Mékong lorsque l'on désire changer d'établissement. On dénombre plusieurs dizaines de mort par noyade l'année dernière (tous des touristes). Nous sommes donc allés sur Don Khon, l'île directement au sud de Don Det, reliée à celle-ci par un vieux pont construit par les français à l'époque indochinoise. A l'époque il y avait même un train qui passait sur ce pont, et permettait le transport des marchandises par voie terrestre dans cette partie du Mékong tellement tumultueuse qu'aucun navire ne peut le remonter. Aujourd'hui il ne reste de cette ligne férroviaire que les deux locomotives toutes rouillées, qui sont rigolotes car toute petites.
Don Khon est beaucoup plus calme que sa voisine fêtarde, plus familiale. Nous sommes restés deux jours plein sur cette île : le premier pour en faire le tour à pied, et le second pour faire le tour de Don Det à pied. Les deux îles sont radicalement différentes. Don Khon est plus grande que Don Det, et la végétation est beaucoup plus dense. En dehors des zones cultivées, c'est la jungle. Il faut avouer, la promenade a été magnifique. Lorsque le chemin nous emmenait au bord du Mékong, on voit les 3999 autres îles et îlots, entre lesquels les rapides se disputent aux cascades. Sinon c'est la jungle, avec sa flore exubérante et sa faune omniprésente, surtout à plume. Et lorsque le chemin passe par dessus une ravine, on se rend compte que le pont est constitué de planches posées en travers d'un couple de rail récupérés sur l'ancien chemin de fer. A l'extrémité sud de l’île, un point de vue sur le Mékong nous monte ce que l'on savait déjà, à savoir que nous sommes à vol d'oiseau à moins d'un kilomètre de l'embarcadère où l'on avait pris le bateau pour aller voir les dauphins de l' Irrawaddy. Nous avons donc fait un détour d'environ 150km pour passer la douane. Notre ballade se terminera dans des hamacs sur une plage de sable blanc, parce que si l'eau du Mékong n'est pas turquoise, les plages, elles, sont bel et bien présentes.
Le lendemain nous avons pris le pont pour passer sur Don Det et se ballader ici aussi. Il faut dire que ça faisait un petit moment que nous n'avions pas marché un peu et cela nous manquait. Sur cette île, la nature est beaucoup plus sèche que sur Don Khon. Pas de jungle, peu d'arbre en général, et il faut dire, beaucoup plus de cultures. Des rizières principalement, mais c'est la saison sèche et donc on peut oublier les magnifiques rizières d'un vert éclatant telles qu'on se les imagines. Il y a ici plus d'habitant que sur Don Khon, et en début de matinée, un nombre incroyable d'enfant nous passait devant en tous sens juchés sur leurs vélos (ou celui d'un copain) ou en mobilette (ici pilotées de 7 ans à 77 ans) pour rejoindre l'école. Cette ballade fût moins sympa, le nord de l'île n'étant constitué que de guest-houses, d'hôtels et d'agences de voyages.
Pour repartir, le gars de notre guest-house, super sympa, nous a appellé le bateau des locaux. La différence ? Nous sommes assis sur des sièges et non pas sur des planches, et c'est moitié prix. Une fois la terre ferme regagnée, on prend un taxi collectif pour rejoindre Champassak, l'un des plus beau temple du Laos (époque pré-angkorienne).