Le second jour, nous filons plein sud, et chemin faisant, nous tombons sur des formations rocheuses particulièrement intéressantes. Il faut dire que nous sommes dans une région volcanique (encore plus ou moins en activité d'ailleurs), et les conditions extrêmes qui règnent ici toute l'année façonnent la pierre volcanique assez facilement.

Après un rapide arrêt au milieu d'énormes rochers sur lesquels nous nous empressons de grimper, nous nous aventurons dans un cañon tellement resserré que par moment la voiture passe tout juste. Nous débouchons par la suite dans une très belle vallée, bien que nous comprenons vite que c'est ici que les tours emmènent leur passager pour le repas du midi. Il faut dire que c'est magnifique. Une courte promenade sur les hauteurs nous permet de voir une seconde vallée, qui abrite un lac. Bien évidemment, tout ce qui est liquide ici, en dehors du milieu du lac, est gelé, bien que le soleil soit au zénith.

Nous continuons ensuite notre route vers le parc national, en se disant que nous allons prendre un chemin de traverse pour contourner l'entrée et ainsi ne pas être empêché d'entrer. Mission réussie ; le chemin était même plus praticable que la piste principale. Après une paire d'heure de route, nous commençons à croiser des voitures de tours opérators. Tiens ? Ce n'était pas fermé ? Un garde du parc nous apprend qu'ils ont rouvert hier. Tant mieux. Nous arrivons juste après à la laguna colorada, qui est rouge à cause de minéraux. En fait la plupart des lagunas du Sud-Lipez ont des colorations particulières dues aux fortes concentrations de minéraux dans leurs eaux. La laguna verde, encore plus au sud, en est tellement saturée qu'elle ne gèle qu'à partir de -21°C. Ici aussi il y a plein de flamands roses, et de plus il a dû faire très froid car nous croisons quelques cadavres congelés sur les rives de la laguna.



Le soir approche et le bon sens voudrait que nous dormions dans le hameau que l'on trouve sur les rives de la laguna. Seulement Dom veut avancer (il pense à son avion) et Olivier a envie de dormir au plus près des geysers qui ne sont actifs qu'au matin. Nous continuons donc notre route, toujours plus au sud. La nuit tombe, et vers 19h nous passons un col sous la neige à plus de 4900m. Il fait sombre depuis une demi-heure seulement et le thermomètre affiche déjà -14°C. Nous arrivons aux geysers vers 21h dans la nuit noire, toujours vers 4900m, et nous commençons à chercher. Seulement il y a un hic : la neige, et parmi les nombreuses traces, beaucoup sont obstruées par des congères et sont impraticables. Mais Olivier s'entête, il veut absolument trouver les geysers, ainsi qu'un abri qui est indiqué sur le GPS. Au bout d'une heure et demi infructueuse à tourner en rond, nous décidons de planter la tente. Nous n'avons pas trouvé les geysers, mais au moins on n'en est pas loin : ça sent le soufre. Nous enfilons toutes les couches que nous pouvons avant de nous coucher. Pour moi ça donne : chaussettes de babouchka au pied par dessus une paire de chaussettes en laine. Pour les jambes j'ai enfilé un collant en laine mérinos, plus deux pantalons. En haut, une double peau (merci Elodie), trois t-shirts, deux polaires et mon manteau. Sans oublier gants et bonnet. De toute façon nous aurons une petite nuit car nous nous sommes couchés à minuit passé, et à 6h nous sommes allés voir les geysers (pas si loin effectivement). Nous ne savons pas quelle température il a fait cette nuit là, mais le lendemain, le thermomètre est resté bloqué sur -16°C jusqu'à la mi-journée.