Perdue au milieu d'une flaque d'eau trop grande pour que notre pauvre cerveau ne puisse se la représenter, Mooréa a quand même un petit air de paradis. Le lagon a des tons fluos d'une carte postale ou d'une aquarelle du tonton. L'intérieur de l'île quand à elle est recouverte d'une forêt luxuriante où les arbres fruitiers se mélangent aux banians géants, aux pins parasol et aux flamboyants. Le château fort de tonton Jean est tout d'abord composé d'un rempart d'arbres. Dans un milieu où les mangues se disputent aux papayes, ananas, fruits de la passion et bananes, tonton Jean s'est débrouillé pour n'avoir comme fruitier qu'un arbre à noni qui se dispute la palme de l'odeur nauséabonde avec le durian, sans toutefois être comestible ; et un carambolier assez rare qui a la particularité de ne faire que des fruits extrêmement acides. Une fois passé ce rempart, la cour intérieur est un jardin d'herbe rase patouillée par une escadrille de poules mangeuse de scolopandres (et de tout ce qu'on peut leur balancer). Une terrasse immense et bien ombragée fait office de pont-levis et permet d’accéder au donjon, une fois passées les moustiquaires qui nous permettent d'être relativement à l'abri à l'intérieur, loin de toute nature qui est, de l'avis de Jean, un ennemi toujours sur la brèche, prêt à nous envahir.



Ici nous faisons une pause vacances dans le voyage. On nous l'avait dit, un voyage ce n'est pas des vacances, c'est fatiguant. Au bout d'un moment on en a marre de devoir déménager tous les quatres matins, de visiter des temples et autres joyeusetés à longueur de journée, et d'avaler les kilomètres encore plus que les cacahuètes. C'est vrai. Quand nous avons décidé de cette halte au bout de deux mois de voyages, nous n'imaginions alors pas encore le besoin de se poser, ni la fatigue que nous aurions accumulée. Nous avons passé les premier temps à dormir. Beaucoup dormir. Il faut savoir qu'ici le soleil se lève à 5h30 et se couche à peu près à la même heure. Pour résultat, il fait nuit très tôt et donc on se couche très tôt. Mais même si c'est le cas pour ceux qui vivent ici, rien ne nous oblige de nous lever tôt...



A part ça que dire si ce n'est que l'accueil de Jean fût des plus formidables et des plus chaleureux. Lorsque tous les matins, au réveil le petit déjeuner composé de fruits tropicaux et de tartines de confitures du coin est déjà servi, c'est un luxe qui n'a pas de prix. Parlons-en des confitures. Il y a sur Mooréa un lycée agricole qui a pour vocation de former les jeunes à la culture bio. Avec les fruits qu'ils récoltent, ils en font soit des glaces, soit des confitures. C'est un vrai régal, nous ne voulons même pas savoir combien de pots nous avons mangé durant notre séjour.



Et puis il y a la mer. Dès le premier jour, Jean nous a emmenés voir LE spot de Mooréa : la plage de Temae. Il suffit d'un masque et d'un tuba pour s'en mettre plein la vue, nous y sommes d'ailleurs retournés pratiquement tous les jours. Ici on voit de tout, sauf du gros (on est dans le lagon quand même, le thon rouge qui nous a nourri tout au long de notre séjour ne se trouve qu'au large...). Enfin si il y a quand même un peu de gros : des raies et des requins de récifs, que l'on voyait les unes comme les autres régulièrement. Bref, on s'est régalés, et 95% des photos sous-marines que l'on a mis sur le site viennent de là. On a bien tenté de sortir de notre petit cocon en allant une journée à Papeete pour une grande exposition sur la cuisine traditionnelle, mais la grande ville ce n'est pas notre truc. Et après 2 mois de randonnées en Nouvelle-Zélande, Mooréa a peu a offrir de ce côté là, et de plus lorsque nous sommes allés marcher dans l'intérieur des terres, la moiteur ambiante a très vite eu raison de nous.


Nous sommes aussi un peu allés faire de la plongée pour aller voir ce qu'il se passe au delà de la barrière de corail. Et bien que le corail ne soit pas aussi varié que ce que nous ayons pu voir ailleurs (ici il n'y a que du corail dur), il y a beaucoup de poissons de toutes les couleurs. Il y a aussi beaucoup de tortues, raies et requins. Notamment des requins citrons (non ils ne sont pas jaunes) qui font dans les trois à quatre mètres et qui ne sont pas, mais alors pas du tout peureux... Lors de la première plongée, lorsque nous en avons eu trois qui nous tournaient autour et passaient parfois tout près, Lauranne a eu un peu peur. Et puis les plongée suivante l’appréhension a disparue. Comme quoi, on s'habitue à tout.



Il a bien fallut repartir. Nous avions un peu peur car 5 jours avant notre départ, la gazette du coin titrait « Grève à l'aéroport, la situation s'enlise ». Et puis finalement non, notre avion n'a eu que 24 heures de retard. Et puisque sinon c'est pas drôle, personne ne nous a prévenu. Ce n'est qu'après être arrivé à l'aéroport (pas sur la même île donc) que nous l'avons appris. Ce n'est pas grave, nous avons fait la connaissance d'autres tourdumondistes (si si ça se dit) avec qui nous nous sommes bien entendus.